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Photo du rédacteurJean-Marc CHIPOT

DE L'ART CONCEPTUEL

Aussi révolutionnaire que cela puisse paraître, dire que l'art conceptuel doit rester conceptuel procède de la même évidence que d'affirmer que l'eau mouille.

 

Il consacre la fugace matérialisation d'une émotion qu'elle dissipe aussitôt qu'elle s'exprime. Continuer à admirer une œuvre conceptuelle des années plus tard revient à admirer un cénotaphe, une boîte vide non seulement de sentiments, mais également de sens puisque rien ne subsiste de ce qui a procédé à sa création, et que les clins d'œil qu'elle envoyait au visiteur d'alors se perdent désormais dans le vide faute d'un référentiel commun.

 

Le processus de recréation de ces œuvres met quant à lui en lumière la filiation qui existe en l'art conceptuel et le pop'art, le second théorisant la vacuité du premier pour le valoriser dans une apothéose totalement décomplexée du dollar.

 

Cette prise en tenaille de l'art contemporain est si diaboliquement efficace que tandis que le pop'art se répand dans les galeries du monde entier au tempo donné par les chaînes de reproduction de ses œuvres, l'art conceptuel, pénible et rhizomique, envahit les FIAC et les biennales sans oublier de faire main basse au passage sur tout ce que la planète compte de subventions privées ou publiques.

 

Les deux se complètent parfaitement et sont comme deux poissons dans l'eau, deux carpes koï gavées par la main des marchés qui retrouvent, entre gens de bonne compagnie, une sérénité trop souvent dérangée par les soubresauts des flux monétaires et des crises financières. Voyez comme on danse.

Et puis surtout, ces deux formes d'art, et ce n'est pas là leur moindre vertu, collent parfaitement à notre époque paresseuse ou il suffit d'exister, fièrement posé sur son cul pour exiger l'intérêt d'un monde que l'on ne connait plus désormais qu'à travers le prisme d'un écran de 6 pouces. Répliquer pour être vu, choquer pour sortir du lot, se faire voir à Dubaï et à Miami, voilà ce qui compte. Jean-Pierre Reynaud ou Nabilla, même combat.

 

Et pendant ce temps, loin des flashes et des réseaux sociaux, des millions d'artistes invisibles travaillent (terme archaïque illustrant une connexion constante et renouvelée entre plusieurs organes du corps humain dont, notamment, le cerveau, l’œil et la main) dans la solitude de leur atelier, en proie à leurs démons ou propulsés par leur énergie créatrice dans un underworld auquel on les a relégués.

 

Tout cela sera balayé tôt ou tard par un vent nouveau quand l'Homme se souviendra que le monde est beau, et que ce qu'il en pense n'a pas la moindre importance.

 

Solidarité avec Yoyo Maeght... et ces millions d'invisibles : Seoosrnpdt536269c21174ff1 4t565hgm7i8m4lhh2501tg800gtm2f43gm


Illustration : Fontaine de Marcel Duchamp, ready-made de 1917 recréé en 1964.



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